Bonjour bonjour !
Et voilà une nouvelle semaine qui touche à sa fin. Un peu dur de
reprendre les cours (surtout quand on est pas aidé par certains
profs... je m'abstiendrai de tout commentaire...) mais je vais pas me
plaindre avec mon horaire (NON, pas "emploi du temps"!) des plus
légers.
Hier soir, je suis allée voir Les Blérots de Ravel
(groupe français) à la salle "Moritz Bastei" avec Francesca. L'endroit
est super agréable et le concert était vraiment très bien, une petite
soirée à la française, ambiance particulière !
Comme cette
semaine n'a pas été palpitante et qu'il est loin le temps où je
racontais ma vie en détail (oui oui, je suis blasée maintenant, ça y
est), j'en profite pour faire un petit topo de ce qui surprend,
intrigue, voire choque quand on est une pauvre petite Belge naïve comme
moi et qu'on arrive dans une ville comme Leipzig. De l'anodin au
franchement inattendu, et sans doute certaines choses que j'avais déjà
mentionnées, mais je radote si je veux, d'abord ...
A l'unif
Déjà,
il faut savoir qu'en allemand aussi on a un petit nom pour désigner cet
antre du savoir. Quand en Belgique on va "à l'unif", qu'en France on
rentre de "la fac", et bien en Allemagne on "geht zur Uni" (à prononcer
"ouni" bien sûr !)
Et donc à l'Uni ...
- si les étudiants ont
trouvé le cours intéressant ou particulièrement bien donné, ils tapent
tous du poing sur leurs tables à la fin du cours (valable aussi pour
encourager les étudiants qui vont présenter un exposé devant la
classe!) Je ne serai pas sarcastique au point de préciser que personne
n'a jamais applaudi au cours de traduction russe-allemand, je ne suis
pas si rancunière ... ou peut-être un peu ...
- au début du
cours, les profs font passer une liste de présence, où chacun doit
signer à la date du jour. En gros, si on a été présent tout au long de
l'année, ça nous permet d'obtenir quand même un certain nombre de
crédits, même si on a raté l'examen...
- une envie pressante ?
ou simplement besoin de prendre l'air ? Aucun problème ! Inutile de
demander quoi que ce soit au prof, on se lève et on sort quelques
minutes. Très surprenant au début, et puis on s'habitue aux allées et
venues qui se font pendant le cours (même quand Francesca et moi avons
présenté notre exposé ...)
- si en Belgique, les réponses et les
propositions fusent de partout pendant le cours (oui oui c'est
évident), et bien ici, la plupart du temps, les étudiants continuent à
lever le doigt avant de prendre la parole ... et si personne ne se
dévoue, alors les profs nous interpellent à leur façon, les plus vieux
jeu (aucun commentaire j'ai dit!) continuent à dire "Frau machin",
"Herr truc", ce que je ne supporte pas!
- dernière petite
particularité, je m'étonnais des différents niveaux dans le cours de
russe, mais en fait en Allemagne, les étudiants ont pour habitude de
suivre plusieurs cursus tout à fait différents ... combinaison de maths
et de latin, ou de russe et de physique, bref, tout est possible je
crois, et du coup chacun ne porte pas le même intérêt à tel ou tel
cours ...
A l'orchestre
Je sais pas si
c'est une particularité de l'Allemagne ou si c'est simplement parce que
je n'avais jamais joué dans un orchestre aussi sérieux, mais toujours
est-il qu'ici ...
- on reçoit régulièrement un programme mis à
jour, où le déroulement des répétitions est décrit très précisément (on
travaillera tel mouvement un quart d'heure, un tel autre une
demi-heure, pause de dix minutes, etc ...)
- si à l'unif, on
frappe du poing pour applaudir, à l'orchestre on donne des petits coups
d'archet sur le pupitre ! hé oui, même pendant les répétitions, les
Allemands semblent aimer s'encourager et se soutenir ... autant vous
dire que les instruments à vent qui jouent seuls, notre premier violon
ou le joueur de marimba se font régulièrement acclamer (mais ils le
méritent bien ...)
- je fais partie des deuxièmes violons, ok...
mais peu importe où, devant, derrière, aucune importance, on amène son
pupitre et on s'assied là où il y a une chaise libre ou un musicien
sans voisin !
Au supermarché
- avant de faire nos achats, très
important : ramener ses bouteilles en plastique vides, les fourrer dans
une machine qui les aspire avec un bruit assez terrifiant, qui les
compte une à une, avant de nous remettre un petit ticket... 0,25€ par
bouteille rendue, qui sont déduits à la caisse ! (bon, ils nous sont
pas offerts, on les paie quand on achète les bouteilles, mais je trouve
le système très ingénieux)
- passage à la caisse : première
condition, avoir prévu des sacs pour embarquer ses courses, car à moins
d'en acheter sur place, vous n'aurez droit qu'à des petits sacs de 5cm²
qui se déchirent si vous dépassez les 10g de courses ...
- mais
le plus important dans les supermarchés allemands (ou tout du moins,
ceux de Leipzig), c'est rapidité et efficacité ! S'agit pas de ralentir
les gens qui attendent derrière vous, alors on perd pas de temps à tout
fourrer dans les sacs, mais on expédie tout dans le caddie (et quand on
l'a pas encore compris, la caissière le fait à votre place - véridique,
ça m'est arrivé ! - ), et quelques mètres plus loin, des petites tables
sont prévues pour que les clients prennent ensuite le temps de tout
bien ranger dans les sacs...
Au resto
- si en Belgique ou en France on se contente de commander un coca ou une bière ou que sais-je à la terrasse d'un café, ici on vous demandera de préciser votre commande ... klein oder groß (petit ou grand) ? Surprenant la première fois que l'on commande eine große Cola et qu'on voit arriver un verre ... d'un demi-litre !
- il faut également prendre garde à ne pas disposer distraitement ses couverts si l'on n'a pas encore fini son plat mais qu'on veut juste faire une pause ... les couverts à peine posés dans l'assiette, et même si on est encore en train d'avaler notre dernière bouchée, le serveur accourt pour reprendre la vaisselle tout en demandant si ça nous a plu ...
- vient le moment de l'addition et la question qui est inévitablement posée : "Zusammen oder getrennt ?" ... ensemble ou séparément ? Quel bonheur ! Ca évite les complications du "je paie pour toi", "mais non c'est moi qui paie", "mais non tu as déjà payé la fois passée", "rho bon allez on divise en deux", "non ça ne va pas parce que j'ai mangé plus que toi", "bon laisse tomber je t'invite" blablabla... inutile de se prendre la tête, un petit calcul écrit vite fait sur l'addition et hop, on paie tranquillement séparément ...
- par contre, NON, les Allemands ne mangent pas de choucroute, il faut définitivement se retirer ce cliché de l'esprit (ou alors, pas à Leipzig...). On en vend comme ailleurs, mais aucun resto spécialisé ni rien de ce genre. Par contre, nos bonnes friteries belges sont ici remplacées par des vendeurs de saucisses ambulants... ça sent booon!
La langue
- pour ceux qui ne le savent pas, Leipzig se trouve dans le Land de Saxe. Et en Saxe comme ailleurs, il y a un dialecte. Le problème, c'est que le saxon, c'est terriblement moche et incompréhensible, c'est rempli de "ch" prononcés très fort, les mots sont pas les mêmes, bref c'est une catastrophe ...
- ce n'est pas une légende cette fois, on entend des "Ach so" à toutes les sauces et à tout moment. Pour se fondre dans la masse, il convient de le prononcer en insistant très fort sur la fin... Vous ne paraîtrez jamais aussi Allemand qu'en exprimant votre surprise par un "Ach soooooooooo?" bien placé!
- oubliez ce qu'on vous a dit à l'école, personne (ou presque) ne se dit "Guten Tag" ou "Auf Wiedersehen". Pour "bonjour", on se contente d'un "Hallo!" et pour "au revoir", un petit "Tschüss" convient à tout moment. Dans la région (ou est-ce partout en Allemagne? aucune idée), on entend aussi des mignons "tschüssi"... Et nous avons pour l'instant entendu deux personnes se contenter d'un ... "tschü" ! Surprenant ...
- encore une fois, vivre ici nous confirme que personne ne dit "nein". Les Allemands copient les Néerlandais pour le coup et disent tous "Nee"! Il m'a fallu un petit temps d'adaptation mais ça y est, ça sort tout seul... Quant au "ja", il tend plutôt vers le "jo" pour tout dire ... (encore une fois, je ne sais pas si c'est l'accent de la région ou si c'est partout pareil) Et oubliez les "ja wohl"! Personne ne dit ça!
- il faut aussi dire que les Allemands ont un excellent accent anglais et qu'ils semblent le parler tous assez bien. Pour la petite anecdote, dans le tram hier, un monsieur assez âgé m'a demandé où se trouvait un certain arrêt, n'ayant pas compris le nom de l'arrêt je lui explique que je ne parle pas très bien allemand en lui demandant de répéter, ce à quoi il me répond un très surprenant "Can you speak English?" (précédé d'un évident "ach soooo") ! (j'imagine très mal cette scène dans un bus tournaisien...)
Sur la route
- j'avais cru judicieux d'écrire quelque part sur ce blog à mon arrivée que les Allemands étaient courtois au volant puisqu'ils s'arrêtaient au milieu de la route pour nous laisser passer... que nenni, nous avions dû tomber sur une exception ce soir-là puisque ça ne nous est plus arrivé depuis ! Ils roulent à toute allure sans se soucier des pauvres petits piétons que nous sommes ...
- ... ce qui pose un problème puisque Leipzig est presque totalement dénuée de passages piétons. Nous avons donc ainsi une grande avenue à traverser pour nous rendre à l'unif ... On peut poireauter de longues minutes à attendre !
- mais si on se trouve face à un feu pour piétons et que celui-ci est rouge, attention à vous ! Même si la voie est libre sur toute la longueur, qu'aucune voiture ne s'annonce pour la décennie à venir, honte sur vous, votre famille, vos amis et votre chien si vous traversez ! En Allemagne, on attend patiemment que le feu passe au vert... Et quand nous, pauvres petites Belges que nous sommes, décidons de braver ce terrible interdit, les gens nous regardent d'un air dépité. Ach, cette jeunesse ...
- ici, trottoirs et pistes cyclables peuvent se trouver côte à côte sans que cela soit forcément bien indiqué... gare à vos fesses si vous marchez par mégarde sur la piste cyclable ! des "driiing driiiiiiiiiiing" insistants derrière vous vous feront bien vite comprendre que vous avez plutôt intérêt à vous décaler sur votre partie du trottoir si vous ne voulez pas qu'on vous roule dessus (nous avons ainsi eu le plaisir d'entendre un mec grommeler un "scheiße" dans ses dents à Munich ... merci monsieur !)
- à Leipzig, le tram est trilingue : allemand, anglais et ... français ! Pour ceux qui viendront, attendez-vous à être surpris par la voix pas du tout mécanique qui vous annoncera "Prochain arrêt : blabla... Point-cen-tral-de-cor-res-pon-dance. Ac-cès-au-cen-tre-ville"...
Vie quotidienne
Last but not least, les moeurs des habitants de cette ville que j'aime décidément de plus en plus (je n'aurai pas la prétention de dire que c'est comme ça dans toute l'Allemagne... même si c'est peut-être le cas!)
- ici il est très courant de croiser des parents très jeunes (pas loin de notre âge), sans parler des alliances que je remarque ici et là parmi les étudiants de nos cours ou de l'orchestre. J'ai même remarqué des sièges pour bébé à la Mensa ! (resto universitaire). Ils sont plus pressés que chez nous ... On a aussi remarqué qu'il y avait beaucoup de papas-poules à Leipzig, on croise presque plus souvent des papas avec des poussettes que des mamans !
- Leipzig est également peuplée de ... gothiques ! On ne les remarque presque plus mais à notre arrivée, ça nous avait vraiment frappée. D'ailleurs, la semaine dernière, c'était la semaine gothique à Leipzig ... le plus grand rassemblement européen... 20 000 personnes venues de l'Europe entière ! Autant vous dire qu'à la gare, quand nous attendions notre train pour Berlin, nous avons croisé de magnifiques spécimens (des robes absolument indescriptibles, des chaussures aux semelles de 45 cm...) A noter qu'ils se déplacent le plus souvent en groupes de trois-quatre !
- à noter à ce sujet qu'on croise toutes les coiffures possibles et inimaginables dans cette ville, y compris en ce qui concerne les colorations. C'est très varié, très moderne, très surprenant parfois, joyeux mélange de couleurs et de coupes, on s'en amuse encore, mais les gens ici ne semblent même pas le remarquer !
- les Allemands sont écolos, le tri des déchets est super important ici. Par contre mes colocataires n'ont apparemment pas bien compris le système puisqu'ils ont décidé de faire une poubelle réservée aux ..... essuie-tout!!! Cherchez la logique??
- je m'interroge toujours sur le pourquoi du comment, mais à Leipzig on ne croise presque exclusivement que des gens typés Ouest-Européens. C'est d'ailleurs terriblement lassant et ça m'a fait un bien fou de me balader dans des quartiers populaires de Berlin ou de Munich et de croiser des gens de partout, un mélange de cultures qui me manque beaucoup ici (sans doute la seule chose que j'ai à reprocher à cette ville au fond!)
- on vous a dit que les Allemands étaient amateurs de bière ? Je confirme ! A toute heure du jour ou de la nuit, en tout lieu, vous serez sûrs de tomber sur un Allemand une bouteille à la main. Le "pire" c'est que je ne crois pas du tout que ce sont des alcoolos qui boivent toute la journée, mais s'ils ont envie d'une bière à 8h du matin, ils ne s'en privent pas (et ne se privent pas non plus de répandre l'odeur dans les transports en commun... ça me gêne pas en temps normal, mais au petit matin, ce n'est pas toujours très appétissant disons...)
- en concert, les Allemands rigolent très fort aux blagues des artistes et dansent de façon très expressive (?) mais sans sauter partout et marcher sur les pieds de tout le monde. Respect mutuel (pas toujours envers les artistes par contre, vu le boucan qu'ils peuvent faire en parlant...) tout en profitant de la musique et de l'ambiance ! (puisque je parle de musique, et bien NON, les Allemands n'écoutent pas Tokio Hotel en boucle ! Je ne les ai pas entendus une fois depuis que je suis ici, je tenais à vous faire part de cette information ô combien importante pour la réputation de ce pays!)
- et pour terminer, si les Français sont exaspérants en période de coupe du Monde ou d'Europe de foot, les Allemands semblent l'être encore plus ... (incroyable mais vrai !) Pour l'exemple, une pub à la gare tout à l'heure pour une carte de réduction spéciale "coupe d'europe" : dès que l'équipe nationale gagne un match, la durée de la carte est prolongée d'un mois !!!) Cela nous promet des jours heureux en juin et en juillet dites donc ...
Voilà ce qui m'est passé par l'esprit aujourd'hui. Toutes ces petites choses dont je rigole ou dont je me plains mais auxquelles je suis attachée et qui vont terriblement me manquer quand je serai de retour en Belgique...
Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée, la prochaine fois sans doute des photos de Dresden où on va passer la journée de dimanche !