The end
Bonsoir à tous,
Je vous écris en ce moment même d'un endroit semblable à un champ de bataille... Livres en vrac, vêtements fourrés tant bien que mal dans des valises (et l'étrange impression d'en avoir 5 fois plus qu'en mars, ça ne va pas du tout ça...), sacs qui s'entassent. Ca sent la fin...
Effectivement, ça sent la fin. La semaine se termine doucement pour laisser place à la toute dernière, l'incomplète, celle qui me ramènera au plat pays. Il va falloir quitter Leipzig et cinq mois de vie totalement hors du temps qui ont probablement été les cinq meilleurs mois de ma vie.
Leipzig va me manquer. Me manqueront surtout ...
- un sourire allemand et les anecdotes italiennes
- passer à côté de la Thomaskirche avec cette étrange façon de garder la tête tournée sur le côté ou le nez en l'air pour découvrir chaque fois un nouveau petit détail
- me repérer dans le centre en suivant de loin la tour MDR de la Augustusplatz
- les glaces avec plein de saveurs et plein de fruits qui coûtent même pas cher
- les "Prochain arrêt ... Point central de correspondance ... Accès au centre-ville ..."
- les balades seule en soirée, armée de mon appareil photo
- pouvoir critiquer tout et tout le monde à haute voix en français (même si depuis le départ de Marie, je le fais plus trop, j'avoue)
- ... à l'inverse, tiquer dès que j'entends parler français
- les coiffures extravagantes
- les deux accordéonistes et les dizaines de musiciens croisés depuis cinq mois au détour de toutes les rues
- pouvoir éviter les gens qui essaient de vous vendre ceci cela dans la rue "oooh je ne parle pas allemand pardon"
- l'accent saxon (malgré tout), surtout quand on le parle pour me faire enrager
- passer devant le Gewandhaus en revivant chaque fois cette soirée-là et ces quatre mois de travail acharné
- manger mon Mc Do à l'étage, à la fenêtre, et observer tous les gens qui passent
- la fierté malgré tout d'avoir la particularité d'être belge et pouvoir raconter à tout le monde les qualités et défauts de mon petit pays
- faire des efforts pour me faire comprendre mais voir en même temps sur le visage de mon interlocuteur qu'il n'a absolument pas compris ce qu'étaient censés exprimer mes mots mis les uns derrière les autres
- aller en cours l'esprit tranquille car j'aurai eu le temps de tout préparer bien comme il faut
- n'avoir que 10 heures de cours par semaine
- les grands cocas qu'on peut garder pour tout un repas et pas boire goutte par goutte histoire d'en avoir jusqu'à la fin
- le Clara-Zetkin-Park, endroit idéal pour se vider l'esprit et se ressourcer, les longues heures passées à m'y balader
- les Ampelmänner, les feux rouges pour piétons donc, tellement typiques de l'Allemagne de l'Est
- la ponctualité impressionnante des transports en commun
- pouvoir faire mes courses jusque 20h (voire 22h), y compris le dimanche
- la Karli, le Barfußgäßchen et leurs bars / restos où il faut toujours chercher un moment avant de trouver une place libre
- ma maison aux escaliers qui grincent, mon appartement, ma chambre, ma vie quotidienne ici ...
Et tant, tant, tant d'autres choses encore...
Mais comme je suis une fille optimiste de nature (sisisi), je me dis que je laisse tout ça derrière moi pour un temps sans doute, et que la Belgique a aussi ses bons côtés ...
- les visages qui m'ont manqué, les gens à retrouver les uns après les autres
- les escapades en voiture avec ma graaande soeuuur, dans lesquelles le but n'a au fond pas tellement d'importance
- retrouver le plaisir de conduire et repartir à gauche et à droite
- les mitraillettes à avaler en deux temps trois mouvements chez Gülgür et manger de VRAIES frites
- les bons petits plats de maman (même si, quand même, j'ai fait des progrès en cuisine ici, absolument !)
- retrouver mon kot bien aimé, ma maison de là-bas
- pouvoir prendre une douche sans attendre ensuite trois heures à côté que l'eau se vide
- la rentrée à l'EII et toutes les anecdotes à nous raconter venues des quatre coins de l'Europe
- la perspective d'une 1e Master un peu moins chargée que les trois années précédentes
- rencontrer les Erasmus de l'an prochain
... La liste est certes moins longue mais je continue à me convaincre que tout ça pèse aussi son poids dans la balance et que même s'il me faudra un (certain) temps de réadaptation, le retour au pays ne sera finalement pas si terrible ...
La fin de mon séjour ici signifie également la fin de ce blog. Je vous remercie donc tous d'être passés, repassés et re-repassés, de vous être intéressés à ma vie ici, d'avoir laissé des petits (ou grands) mots ici ou là, de m'avoir fait rire et tout simplement d'avoir suivi avec tant d'assiduité mes aventures en terres allemandes.
Je vous dis à très bientôt donc, et vous laisse avec ce texte d'une chanson de Barbara qui me parle beaucoup en ce moment ...
Encore merci !
Ah ! les voyages
Aux rivages lointains,
Aux rêves incertains
Que c'est beau, les voyages
Qui effacent au loin
Nos larmes et nos chagrins
Mon Dieu
Ah ! les voyages
Comme vous fûtes sages
De nous donner ces images
Car les voyages
C'est la vie que l'on fait,
Le destin qu'on refait
Que c'est beau les voyages
Et le monde nouveau
Qui s'ouvre à nos cerveaux
Nous fait voir autrement
Et nous montre comment
La vie vaut bien le coup,
Malgré tout...
Ah ! jeunes gens
Sachez profiter de vos vingt ans
Le monde est là
Ne craignez rien, il n'est pas méchant
Il vous guidera
Ah ! les voyages
Qui murissent nos coeurs,
Qui nous ouvrent au bonheur
Mais que c'est beau, les voyages
Et lorsqu'on retourne chez soi
Rien n'est comme autrefois
Car nos yeux ont changé
Et nous sommes étonnés
De voir comme nos soucis
Etaient simples et petits
Car les voyages
Tournent une page
Ah ! les voyages ...
Barbara - Les voyages